Viol

Dans l’imaginaire collectif, le viol est perçu comme un accident, un phénomène marginal qui relève de tout un tas de choses, de la pulsion, du psychologique, du pathologique, de l’abus d’alcool, mais pas du fait culturel de la domination masculine, alors même que 96% des violeurs sont des hommes et que 91% des victimes sont des femmes.

Néanmoins, à force d’enquêtes et de chiffres, cette violence commence à être appréhendée comme un phénomène de société qui mérite qu’on mette en place un projet ambitieux d’éducation à l’égalité et à la sexualité, et une autre façon d’organiser sa répression.

Le but de cette note est de vous recommander le dernier livre de Clémentine Autain de la FASE – membre du Front de Gauche – « Un beau jour, combattre le viol » aux éditions Indigène, ce livre étant un bon outil pour déconstruire les à priori qui contribuent à faire du viol un phénomène mal analysé et inefficacement combattu. Beaucoup pensent que ce drame s’abat en majorité sur des femmes dans des conditions exceptionnelles d’exposition à la violence, dans une rue déserte, en mini-jupe, de la part d’un voyou aviné. Or 74% des viols sont commis par une personne connue de la victime, 25% des violeurs sont un membre de la famille, et dans 34% des cas, le viol est commis au sein du couple.

Ce système d’oppression repose sur de nombreux stéréotypes qui présentent l’homme comme un être dominant, à la sexualité irrépressible, incapable de gérer sa frustration, tandis que la femme serait passive, affublée d’un corps outrageusement provocateur, soumise aux initiatives du partenaire masculin, attirée par un comportement dominant, et que finalement « elle le chercherait un peu ». Mais le viol n’est pas une histoire de testostérone. Ce n’est pas un acte naturel mais un acte culturel qui repose sur le mythe de la sexualité incontrôlable et conquérante de l’homme, tandis que le désir féminin reste condamné par toutes sortes de réprobation sociale.

Le viol est aussi un tabou. 75 000 femmes sont violées chaque année en France, mais seule une femme sur dix ose porter plainte, et seuls 2% des violeurs sont condamnés. C’est le seul crime dont la victime se sent honteuse ou coupable de l’avoir déclenché. Le parcours judiciaire est un chemin de croix car rien n’est fait pour accueillir leur parole, les professionnel-les étant très mal formé-es, la justice mal adaptée et les idées reçues persistantes comme l’ont récemment révélé le traitement médiatique et les commentaires de certaines personnalités publiques sur la fameuse affaire DSK.

Le viol est un crime ! Tout acte de pénétration vaginale, anale, orale, par la main ou par des objets est défini par la loi comme étant un viol tant qu’il est commis par violence, contrainte, menace ou surprise. Un violeur peut aussi être votre parent, votre ami, votre compagnon ou votre mari.

Ce n’est pas un phénomène marginal. En France, une femme sur 10 a subi un viol ou une agression sexuelle pendant sa vie. Ce n’est pas de la sexualité, c’est un acte de domination et de négation de l’autre. Il n’existe aucun profil de violeur ou de victime selon l’âge, l’apparence ou l’origine sociale, ces hommes sont même la plupart du temps parfaitement intégrés dans la société, au-dessus de tout soupçon. Ils ne sont souvent ni alcooliques, ni psychopathes, ni obsédés.

Rien ne banalise ou ne relativise un viol : même si elle a accepté de monter boire un verre, même si elle dort dans le même lit, même s’ils ont déjà échangé des caresses, au moment où elle dit non, c’est non ! NON ne veut dire ni OUI ni PEUT-ÊTRE !

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